Définition de SOURCILLEUX, EUSE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sour-si-lleû, lleû-z', ll mouillées, et non sour-si-yeû

DÉFINITIONS

1
Sémantique : Terme de zoologie. Qui porte des espèces de sourcils.
2
Sémantique : Fig. et dans le langage élevé. Qui exprime par ses sourcils la hauteur, l'orgueil, la sévérité.
Chercher les moyens de ruiner cette grandeur de la superbe et sourcilleuse maison d'Espagne
de Gui PATIN dans Lett. t. II, p. 268
Ainsi s'expliqueront nos censeurs sourcilleux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. x.
Dépouillez donc votre écorce, Philosophes sourcilleux
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Odes, IV, 3
Il se dit aussi des choses.
Toutes les nations qui voyaient notre joie Se disaient d'un air sourcilleux : Il faut que le bonheur où leur Dieu les renvoie Soit bien grand et bien merveilleux
de Pierre CORNEILLE dans Trad. du ps. 125
Pouvez-vous [Francs-Comtois] regretter ces démarches pompeuses [des Espagnols], Ces fastueux dehors, ces grandeurs sourcilleuses, Ces gouverneurs enfin envoyés de si loin, Tout-puissants en parade, impuissants au besoin ?
de Pierre CORNEILLE dans Vict. du roi en 1667
Craignons une vieillesse sourcilleuse
de JOUBERT dans Pensées, titre x.
Un front sourcilleux, un front où se peint l'orgueil, l'inquiétude ou la tristesse.
Vers cet endroit du choeur où le chantre orgueilleux Montre, assis à ta gauche, un front si sourcilleux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. I
3
Sémantique : Fig. et poétiquement. Haut, élevé (comme est le sourcil dans le corps humain).
Leur insensible pente [des Alpes] Vous conduit par degrés à ces monts sourcilleux Qui pressent les enfers et qui fendent les cieux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Épît. LXXVI, 20
Tel que dans nos jardins un palmier sourcilleux, à nos ormes touffus mêlant sa tête altière, Paraît s'enorgueillir de sa tige étrangère
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Henr. VIII
Du haut d'une montagne couronnée par des rocs sourcilleux, ce glacier descend....
de SAUSSURE dans Voy. Alpes, t. VI, p. 283

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Jà les monts sourcilleux commencent à jaunir Sous le char de ce dieu qu'ils regardent venir
de GARNIER dans Hippol. I, 232
Quel esprit tant sourcilleux Se plaint que de ces autheurs Les poëmes sont menteurs ?
de Joachim DU BELLAY dans III, 34, verso.
Puis quelque delicat cerveau, D'une imprudence merveilleuse, Dit que pour un esprit nouveau La matiere est trop sourcilleuse [grave, haute, sérieuse]
de Joachim DU BELLAY dans III, 91, verso.
On a grand tort de la peindre [la philosophie] d'un visage renfrogné, sourcilleux et terrible
de Michel de MONTAIGNE dans I, 175
Je demande à ces sourcilleux [gens austères], s'ils veulent estre plus sages que les apostres
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Conf. II, 2

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. superciliosus, de supercilium, sourcil.